La pêche au carrelet est une technique de pêche traditionnelle qui consiste à utiliser une grande épuisette carrée suspendue à un portique. Le pêcheur abaisse et remonte le filet à l’aide d’un treuil, en espérant capturer des poissons ou des crustacés qui passent à proximité. La pêche au carrelet se pratique surtout sur les côtes atlantiques et méditerranéennes, ainsi que sur certains fleuves et estuaires.
Voici un article ancien du Chasseur Français puisqu’il date de 1940 : la pêche au carrelet ou carreau. Je me souviens encore alors que j’étais encore un petit garçon des carrelets installés tout le long de la jetée de Dunkerque. Dans le Nord on parlait alors de pêche au carreau et des concours y étaient souvent initiés.
Un engin de valeur
Le carrelet est une simple nappe à mailles carrées, de dimensions variables, mesurant de 1 à 2 mètres de côté, ce qui fait 1 à 4 mètres carrés, lorsque le filet est étalé. Une cordelette entoure complètement le carrelet, en formant une boucle à chacun des angles, pour servir à la fixation des quatre branches de la monture.
En principe, les carrelets non montés existent surtout dans les deux mailles réglementaires, de 10 millimètres et de 27 millimètres. Les premiers ont surtout pour objet la capture des petits poissons ; mais, comme ils sont naturellement denses, on ne les établit guère qu’en nappes de 1 mètre de côté. Les grandes mailles, au contraire, utilisées pour les gros poissons, forment les grandes nappes de 4 mètres carrés. Mais, pour alléger le plus possible leur poids, on les confectionne de préférence en lin écru, tandis que les autres peuvent être en coton ou en chanvre écru.
Cependant, entre les mailles extrêmes de 10 et de 27 millimètres, on en trouve de dimensions intermédiaires, 15 millimètres, 17 et 23 millimètres, adoptées pour les nappes ayant 1,33 m et 1,65 m de côté.
Montage du carrelet
Le montage des filets carrés peut se faire au moyen de quatre branches, assez souples et pas trop lourdes, en noisetier, saule, charme, etc., que l’on ligature deux à deux par le gros bout, après avoir passé leur extrémité fine dans les bouches de la cordelette et l’y avoir fixée. On attache ensuite solidement les arceaux diamétraux, en formant une autre boucle au milieu de la tête, de façon à pouvoir y introduire l’extrémité de la perche qui servira à la manœuvre de l’engin.
Il n’y a plus qu’à couper une perche, de longueur appropriée à la rivière, par exemple de 4 à 5 mètres, pas trop lourde, mais suffisamment forte pour éviter qu’elle ne se brise ou qu’elle s’infléchisse un peu trop. Enfin, on trouve dans le commerce des montures métalliques pour carrelets qui simplifient et facilitent la pose et la relève de l’engin.
Manœuvre de la nappe
Pour pêcher au carrelet, on choisira un emplacement poissonneux, pas trop éloigné d’une rive légèrement surélevée, sans être trop abrupte, là où la profondeur peut varier entre 75 centimètres et 1,60 m, l’eau étant plutôt dormante que courante,
Si l’on recherche le goujon, l’ablette et la petite blanchaille, on se servira du filet à mailles de 10 millimètres, tandis que, pour les gardons, les carpes, les tanches, les vandoises, les hotus, les chevesnes, etc., on aura recours aux grandes nappes de 27 millimètres.
Dans un cas comme dans l’autre, le carrelet sera étalé à un endroit plan et la perche disposée de manière qu’on puisse la saisir et la relever promptement, quand on le jugera à propos. En attendant, on amorce la place, un peu en amont du carrelet, avec du chènevis, du blé cuit, des asticots, ou en jetant quelques petites pelotes d’argile, contenant des vers coupés en morceaux. On peut aussi amorcer au sang cuit, au fromage blanc, etc., suivant le genre de poissons que l’on veut attirer sur le coup.
L’amorçage effectué, on observera le plus profond silence. Non seulement, on évitera de marcher, pour éviter le bruit des pas ; mais il ne faut pas profiler d’ombre suspecte en se promenant sur la berge.
Lorsqu’on juge que le poisson est sur la nappe, on procède à la relève de l’engin d’une façon, rapide, surtout au début, sans prévenir les poissons par des tiraillements du filet étalé. Il faut lever le carrelet aussitôt que l’on a saisi la perche, la traction ascendante ayant pour effet immédiat de creuser le filet en poche, qui s’opposera aux évasions du poisson. Arrivé au-dessus de l’eau, on ramène le carrelet à la rive, par un mouvement rotatif imprimé par la main, soit à droite, soit à gauche, puis l’on peut capturer le poisson retenu dans le filet formant poche.
La pêche au carrelet est possible en toute saison, du moins dans les eaux particulières, bassins ou étangs, qui ne sont pas régentés par les arrêtés préfectoraux. Mais, c’est surtout pendant la période des débords, lorsque les eaux, encore troubles, commencent par baisser, que l’on peut faire les plus belles captures, dans la catégorie des gros cyprins. Toutefois, la truite et les autres salmonidés se prennent difficilement au carrelet.
Un autre engin, ayant beaucoup de ressemblance avec le carrelet, mais qui, à la remontée, se développe en une poche plus creuse, c’est l’échiquier. Il se monte et se manœuvre à peu près de la même manière, et il peut être utilisé pour la pêche en bateau.
J. B. NICOLAS.
Le Chasseur Français N°600 Juin 1940 Page 339
Vous aimerez également
- Une technique ancestrale à utiliser comme outil pédagogique (www.peche.com)
En France, la pêche au carrelet à pied ne se pratique que sur quelques départements, surtout ceux de la façade Atlantique. Mais cette pratique se perd peu à peu au fil des années. - Les pêcheries en Vendée
A Noirmoutier, on trouve les pêcheries ou carrelets non pas face à l’océan mais dans les passes à poissons.
Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à le partager pour informer vos proches.
Article mis à jour en 2022, publié initialement en 2021.